NIVRAHA132_00381 |
Vorige | 381 van 396 | Volgende |
|
klein (250x250 max)
gemiddeld (500x500 max)
groot
Extra Large
groot ( > 500x500)
Hoge Resolutie
Allen (PDF)
|
Deze pagina
Allen
|
LE MONOPOLE DES. TABACS 371 jouis, a toutes les heures de la journée, saisir l'ingénieur des reclamations plus OU moins justifiées du personnel. L'ingénieur, las d'etre mis dans l'impossibilité de travailler par ces derangements incessants, avisa, un jour, le syndicat de ce qu'il recevrait désormais ses délégués, tous les jours a trois heures. Cette mesure, cependant bien raisonnable, causa emotion, scandale, indignation; le personnel abandonna le travail, envahit, furieux et mena-cant, le bureau de l'ingénieur qui s'en tira i! ne sait plus trop comment. Après deux heures de négociations, ouvriers et ouvrières voulurent bien reprendre le travail. La direction décida, naturellement, que les deux heures de grève ne seraient pas payees. Les ouvriers réclamèrent par la voix de leur syndicat. L'ingénieur, cause du conflit, est un homme exceptionnellement éner-gique, qui ne transige pas avec son devoir. Son directeur, tout contrarie qu'il fut, ne put pas ne pas le couvrir. Le syndicat porta sa reclamation devant le Directeur general des Manufactures qui fit faire une enquête par un Inspecteur. L'Inspecteur conclut en faveur de l'ingénieur; le Directeur general confirma ces conclusions. Le syndicat fit intervenir les deputes de la region qui, trop heureux de servir de bons électeurs, saisirent le Ministre de l'affaire. Le Ministre n'hésita nullement : il voulut trapper l'ingénieur, ce gênant trouble-fête, et donner satisfaction au personnel. Directeur et Directeur general eurent beaueoup de peine a Ten empêcher; il fallut transiger : on paya aux ouvriers une heure sur deux, mais l'ingénieur put niaintenir sa decision. Cela se passa sous le dernier Ministère Poincaré; ces moeurs ne sont done pas exceptionnelles, mais chroniques, dans les Manufactures de l'État. En 1924, le Directeur et l'ingénieur de la Manufacture de Riom furent déplacés par le Ministre, u la suite d'une demande formulée par le person-sonnel. Peut-il y avoir cause plus grande de découragement, chez les agents supérieurs? De tels agissements peuvent-ils leur laisser un atome d'auto-rité? En réalité, dans les Manufactures de l'État, c'est le personnel et non la Direction qui gouverne; le rendement y est reduit au minimum, au moment oü la France aurait besoin de toutes ses ressources pour équilibrer son lourd budget. On peut être surpris de ce que les ouvriers, possédant ]'omnipotence, n'en abusent pas davantage. C'est qu'ils ont grand intérêt au maintien du monopole des tabacs et que, s'ils abusaient trop, ils compromettraient son existence. Le Directeur general ne choisit pas ses collaborateurs principaux; les ingénieurs et les directeurs des manufactures ne choisissent pas davantage les agents inférieurs et les ouvriers : les postesde chefs d'atelier-hommes sont réserves entièrement, soit a des réformés de la guerre, soit a des sous-officiers rengagés qui sont examines, a leur entree, par des personncs qui
Beschrijving voorwerp
Titel | Le gouvernement des entreprises commerciales & industrielles |
Auteur | Carlioz, J. |
Jaartal | 1927 |
Collectienaam | NIVRA Historisch Archief, UBVU gedigitaliseerd |
PPN | 344556263 |
Toegangsgegevens (URL) | http://imagebase.ubvu.vu.nl/getobj.php?ppn=344556263 |
Signatuur origineel | NIVRAHA132 |
Evaluatie |
Beschrijving
Titel | NIVRAHA132_00381 |
Transcript | LE MONOPOLE DES. TABACS 371 jouis, a toutes les heures de la journée, saisir l'ingénieur des reclamations plus OU moins justifiées du personnel. L'ingénieur, las d'etre mis dans l'impossibilité de travailler par ces derangements incessants, avisa, un jour, le syndicat de ce qu'il recevrait désormais ses délégués, tous les jours a trois heures. Cette mesure, cependant bien raisonnable, causa emotion, scandale, indignation; le personnel abandonna le travail, envahit, furieux et mena-cant, le bureau de l'ingénieur qui s'en tira i! ne sait plus trop comment. Après deux heures de négociations, ouvriers et ouvrières voulurent bien reprendre le travail. La direction décida, naturellement, que les deux heures de grève ne seraient pas payees. Les ouvriers réclamèrent par la voix de leur syndicat. L'ingénieur, cause du conflit, est un homme exceptionnellement éner-gique, qui ne transige pas avec son devoir. Son directeur, tout contrarie qu'il fut, ne put pas ne pas le couvrir. Le syndicat porta sa reclamation devant le Directeur general des Manufactures qui fit faire une enquête par un Inspecteur. L'Inspecteur conclut en faveur de l'ingénieur; le Directeur general confirma ces conclusions. Le syndicat fit intervenir les deputes de la region qui, trop heureux de servir de bons électeurs, saisirent le Ministre de l'affaire. Le Ministre n'hésita nullement : il voulut trapper l'ingénieur, ce gênant trouble-fête, et donner satisfaction au personnel. Directeur et Directeur general eurent beaueoup de peine a Ten empêcher; il fallut transiger : on paya aux ouvriers une heure sur deux, mais l'ingénieur put niaintenir sa decision. Cela se passa sous le dernier Ministère Poincaré; ces moeurs ne sont done pas exceptionnelles, mais chroniques, dans les Manufactures de l'État. En 1924, le Directeur et l'ingénieur de la Manufacture de Riom furent déplacés par le Ministre, u la suite d'une demande formulée par le person-sonnel. Peut-il y avoir cause plus grande de découragement, chez les agents supérieurs? De tels agissements peuvent-ils leur laisser un atome d'auto-rité? En réalité, dans les Manufactures de l'État, c'est le personnel et non la Direction qui gouverne; le rendement y est reduit au minimum, au moment oü la France aurait besoin de toutes ses ressources pour équilibrer son lourd budget. On peut être surpris de ce que les ouvriers, possédant ]'omnipotence, n'en abusent pas davantage. C'est qu'ils ont grand intérêt au maintien du monopole des tabacs et que, s'ils abusaient trop, ils compromettraient son existence. Le Directeur general ne choisit pas ses collaborateurs principaux; les ingénieurs et les directeurs des manufactures ne choisissent pas davantage les agents inférieurs et les ouvriers : les postesde chefs d'atelier-hommes sont réserves entièrement, soit a des réformés de la guerre, soit a des sous-officiers rengagés qui sont examines, a leur entree, par des personncs qui |
Tags
Toelichtingen
Geef een Toelichting voor NIVRAHA132_00381